Christelle Familiari
entretient un rapport frontal au désir, qu'elle réalise
sous nos yeux pour le briser aussitôt. Quand le pornographique
est un frottement sans élection ni désir des corps,
et dans lequel l'excitation est seulement mécanique, ouvertement
nihiliste, les activités que propose Christelle Familiari
mettent, quant à elles, le doigt sur l'essence même
de l'érotisme ; voilant d'une main ce qu'exhibe l'autre.
Si elles sont érogènes, c'est parce qu'elles mettent
en branle le désir - et même son envers, le dégoût
- l'acuité de la perception de l'autre. A cet égard,
la vidéo propose une radicalisation, presque une indigestion,
de la dialectique de la séduction, ouvrant ainsi l'horizon
sur ce qui pourrait être une érotique vomitive reprenant
à son compte la phrase phytique de Paul Valéry "le
plus profond, c'est la peau", ce qu'elle met ici en jeu, c'est
la tyrannie de l'épiderme. Elle qui s'amuse à créer
de toute pièce des émotions (plaisir, gêne,
indécision,...) elle s'attache cette fois à nous installer
la monstruosité du corps féminin. Christelle Familiari,
qui affectionne certainement les ingénieuses canailleries,
fait du corps un accessoire à des fins louches. Mais, avisée
et entreprenante qu'elle est, elle sait entremettre sans jamais
compromettre.
Murielle Durand-Garnier
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Emanuel Licha
: "Voici des chemins à emprunter. Des couloirs dans
lesquels s'engager.
S'engager dans un Y, c'est choisir de faire un choix, c'est s'engager
à décider au moins entre la gauche et la droite pour
en sortir. Tandis qu'un couloir qui relie deux murs est sans issue,
de part et d'autre. Il laisse terriblement sans décision.
Et lorsque ces deux murs forment un coin, l'imagination y voit une
solitude.
Voici le site à atteindre pour bouder l'autre. Mais il y
a des angles d'où l'on ne peut plus sortir. Après
un temps passé à faire de la rencontre la matière
de l'uvre, ce n'est pas que les rencontres ne se font pas,
mais les non-rencontres ne cessent de se faire.
Voici un travail qui a la préoccupation de ses interlocuteurs.
Qui les pense, pour les appeler.
Un travail de performance pour la position des corps, un travail
de sculpture pour celle des objets. Comment le corps approche -
et intègre ? - l'objet, ce qu'ils font l'un de l'autre. Comment
l'architecture les pense simultanément."
Emanuel Licha
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