Violaine Sallenave / Cédric Tanguy
Exposition du 24 avril au 15 mai 2004
Comme à son habitude, la galerie ipso facto propose à deux
artistes d'investir ses murs. Ainsi, du 24 avril au 15 mai 2004, Violaine
Sallenave, artiste de Toulouse proposera une nouvelle installation performance
autour de la chanson "Rossignol" de Luis Marriano et, Cédric
Tanguy, nantais, montrera son film "Three B freaks", 1er volet d'une
trilogie autobiographique ainsi que des photographies de grand format, possibles
story-board d'un prochain volet inspiré par la vie du christ.
Singulièrement proches en ce qu'ils utilisent chacun la performance
ou l'image pour provoquer une forme "d'auto-starification", ces
deux artistes s'exhibent et s'amusent, détournent des éléments
qui sont de l'ordre de la culture populaire du divertissement et du star-system.
La manière dont ils envisagent leur travail est toutefois radicalement
différente.
Starlette écorchée vive?
En proposant des reprises de chansons ("Material girl"-Madonna, "Canoë rose"-V. Laslow) pour "incarner un cliché de jeune fille ou de rêve d'adolescente", Violaine Sallenave cherche "à se mettre à mal" : chez elle, tout est fragilité, affectivité et elle nous invite ainsi à rentrer dans son intimité. D'ailleurs, les minuscules podiums qu'elle fabrique pour pousser de façon hasardeuse la chansonnette (il s'agit toujours cependant de titres re-mixés pour l'occasion) ne l'élèvent pas plus haut que sa devise "faire des efforts est mon unique talent". "Pour cette nouvelle performance, il s'agit de l'histoire d'une princesse qui attend l'amour. La chanson que j'ai choisie est "Rossignol" de Luis Marriano, et, afin de lui ôter son coté kitch d'opérette, j'ai demandé à Michel Cloup du groupe EXPERIENCE et feu Diabologum de travailler à cette reprise, afin qu'il lui donne une empreinte plus sombre, que l'attente du rossignol devienne une vraie tension. Le titre de la pièce "j'ai refusé mourir d'amour enchaînée", présent formellement dans l'installation, est un antidote, un sous titre qui fait contre poids au romantisme premier de la chanson et de l'installation. |
![]() Violaine Sallenave |
Les autres éléments de mise en scène, la robe cage et le paravent de prison, servent à la théâtralisation de l'exploit; à la fois outil de spectacle et objet autonome, ils portent en eux la contradiction de la proposition et la mienne par extension." |
Héros mythique? Et si, presque à contrario, Cédric Tanguy se met parfois lui aussi en scène pour faire acquérir aux multiples habitants de "Tanguyville" une dimension mythique, héroïque, c'est en y intégrant des références à une culture pop transformant ses lieux de tournage (supermarché, galeries et cinéma) en autant "d'étapes qui mènent aux marches de la gloire". Il veut d'ailleurs entretenir "un lien symbiotique avec les différents modes de fonctionnement qui caractérisent le succès de la culture des jeunes". |
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"Véritable baroqueux de l'image ainsi que du verbe, Cédric
Tanguy se distingue par l'originalité de sa réflexion
sur le sens de la figuration et de l'identité. (...)Auteur
et sujet de tableaux vivants installés dans le cadre mort du
muséum; promoteur non pas d'expositions itinérantes,
mais de cimetières ambulants; styliste et modèle; cuisinier
et convive; chorégraphe et danseur; exhibitionniste et voyeur;
idole et adorateur : c'est avec une vertigineuse désinvolture
que Cédric Tanguy anime et admire son propre miroir magique.
Le dessein paradoxal de concilier les deux rôles spéculaires
du créateur et du témoin, confère à ce
Narcisse contemporain, en apparence seulement frêle et nimbé
de pathos, une véritable dimension héroïque."
(Patricia Corbett)
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